Réussir sa vie?

Compay Segundo, un musicien cubain devenu mondialement célèbre par un film de Wim Wenders, aurait dit cette parole célèbre souvent citée:

Pour réussir sa vie, un homme doit faire un enfant, écrire un livre et planter un arbre.

Réussir sa vie, ce serait avant tout transmettre la vie.

Transmettre la vie par un enfant (le sien ou celui d’autres, par l’adoption ou l’éducation), dans le monde de la culture (par l’écriture ou toute autre forme de créativité et de savoir), par la Nature (en plantant des arbres ou en prenant soin de l’environnement).

Depuis le 13 décembre 2020, je suis officiellement un retraité! C’est l’occasion de faire des bilans. Ai-je réussi ma vie? Comment répondre à cette question? Je n’aime pas parler de moi, car je ne vois pas en quoi ma vie pourrait intéresser d’autres alors que chacun doit se débattre avec ses propres problèmes. Mais si cela peut être utile à certains, je vais donc me forcer un peu…

Un de mes fils, Olivier, dans une belle prédication à la paroisse de Corsier-Corseaux, intitulée « Les grincheux et les grâcieux » avait distingué ces deux catégories de personnes. Spontanément, je suis plus un grincheux qu’un grâcieux. Je vois plus facilement ce qui manque (en moi et autour de moi) que ce qui est déjà donné. Et c’est un vrai exercice intérieur que de changer de regard.

Reconnaissance

Oui, je suis profondément reconnaissant pour les quatre enfants que mon épouse, Mireille, et moi avons pu accueillir et accompagner. Même si une leucémie et la mort nous ont arraché Simon à l’âge de 13 ans. Oui, je suis reconnaissant pour les différents livres que j’ai pu rédiger. Même si plusieurs de ces livres m’ont été vivement reprochés. Oui, je suis reconnaissant d’avoir pu prendre soin d’un magnifique jardin (surtout grâce à mon épouse qui embellit tout ce qu’elle touche!) et d’avoir pu être actif au service d’un environnement plus sain (parti des Verts, ATE, panneaux solaires, voiture électrique, récupération de l’eau de pluie…). Même si mes propres incohérences me heurtent encore. Et même si aujourd’hui, je me sépare de plus en plus des « Verts » quand leur discours qui se veut progressiste se mue parfois en un aveuglement idéologique qui transmet la mort…

Il y a quelques jours, une personne m’écrivait pour me remercier. Elle disait avoir lu tous mes livres et venait de finaliser elle-même un nouveau livre qu’elle tenait à me signaler. Son message m’a touché. J’ai toujours perçu que la seule raison d’être de ce que je pouvais essayer de transmettre, c’était de stimuler la créativité de chacune et de chacun à la suite du Créatif par excellence qu’est le Christ.

En faisant un premier bilan de mes propres livres, je vois ce fil rouge…

Un bilan de mes livres

Essayer d’écouter l’Esprit du Christ dans ma vie, ma famille, mes réseaux, la Bible, l’Eglise, la société, l’Université, les sciences et les sagesses du monde… et essayer de communiquer quelques propos qui invitent à écouter cette Voix.

Un jour, peut-être, je reviendrai de manière plus détaillée sur le contenu de ces livres. Si je devais les résumer en cinq mots clés, je dirais:

La complexité et le Christ,
dans un esprit de coopération, de confiance et de combat.

De manière très synthétique, voici quelques éléments importants qui m’ont stimulé à les écrire.

À la découverte des religions du monde

Après des études de sciences sociales et politiques et de théologie, j’ai eu le privilège d’être l’assistant de Carl-A. Keller. Je ressentais le besoin d’approfondir mes connaissances des grandes religions du monde. Et j’étais un nain à côté de cet expert incroyable des mystiques du monde. Sa foi chrétienne ouverte à l’Universel m’a profondément marqué. Une des meilleures portes d’entrées pour moi fut alors de m’atteler à l’oeuvre de Mircea Eliade, spécialiste mondial de l’histoire comparée des religions. J’ai vécu quatre belles années à la fois académiques et familiales. Eliade avait des racines chrétiennes, plus présentes dans ses premiers écrits. Son horizon académique si vaste m’a beaucoup nourri. Par lui, j’ai découvert aussi ce concept à première vue « barbare » à savoir la « coïncidence des opposés » (que lui-même avait repris du cardinal Nicolas de Cues). C’est la perception selon laquelle seules la polarité et la conjonction de réalités opposées (le sacré et le profane, le Ciel et la Terre, le masculin et le féminin, l’unité et la diversité, l’infini et le fini…) nous permettent de comprendre les mystères du monde. Le Christ, par excellence, atteste de cette réalité complexe. Grâce à cette thèse de doctorat, j’ai pu obtenir d’excellentes connaissances sur l’ensemble des grandes religions du monde. Je dois aussi à Eliade une autre découverte majeure qui a changé ma vie. Eliade était non seulement un professeur d’université, mais il était aussi un écrivain de romans et de nouvelles. Or c’est cet autre aspect de sa vie qui le passionnait le plus! Il y trouvait une liberté d’expression unique et incomparable. La plongée dans l’univers littéraire d’Eliade m’a donné l’envie, plus tard, de synthétiser ma thèse (que je savais que personne ne lirait… et cela fut le cas, malgré les prix académiques que j’ai reçus!) en… un roman. Et cela donna naissance au livre qui m’a fait connaître du grand public.

Cours à l’EPFL et romans

J’avais une quarantaine d’années et je n’étais pas encore bloqué par toutes les contraintes que la vie professionnelle et institutionnelle peut nous imposer. Je dois dire aussi qu’à côté de mon ministère en Eglise, j’ai eu la chance d’être « repéré » par l’ancien président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Jean-Claude Badoux. Il souhaitait que je puisse y donner quelques enseignements sur des thèmes extra scientifiques et techniques afin de contribuer à élargir l’horizon des étudiants, assistants et professeurs. Pendant cinq ans, j’ai eu la joie d’y donner quelques cours. Je remercie encore Jean-Claude Badoux pour cette confiance à un « jeune ». Cette expérience positive, parmi d’autres, m’a toujours donné envie de repérer et d’encourager à mon tour de jeunes talents. De ces recherches et de ces enseignements à l’EPFL sont nés… deux romans. Le roi, le sage et le bouffon (né en partie d’un cours sur les rapports entre sciences et religions dans lesquels des croyants et des scientifiques de différentes religions intervenaient) et La princesse et le prophète (né d’un cours sur les enjeux de la mondialisation dans lequel différents intervenants venant de nombreux secteurs de la société – financier, économique, technologique, sociologique, écologique, politique, religieux…- ont mis en lumière les enjeux ambivalents de la mondialisation).

Un grand tournoi des religions et de l’athéisme

Pour Le roi, le sage et le bouffon (Paris, Seuil, 1998), que j’avais envoyé spontanément à quelques « grands éditeurs » en France, j’ai eu la joie et le privilège de recevoir une réponse très positive de Jean-Louis Schlegel aux éditions du Seuil. Il avait beaucoup aimé mon manuscrit. Par lui, et je l’en remercie encore, je fus plongé dans le monde de l’édition, des médias et des traductions… Au fil des années, ce livre fut traduit dans une quinzaine de langues (allemand, italien, castillan, catalan, portugais, flamand, grec, bulgare, roumain, turc, russe, coréen, japonais, chinois…) et je fus invité à donner des conférences dans plusieurs pays du monde. Le succès de ce livre a été pour moi à la fois une chance et un souci. Je n’ai pas réussi à répondre à toutes les personnes, fort nombreuses, qui m’ont écrit (comme le livre invitait les lecteurs à le faire en donnant leur avis sur « le grand Tournoi des religions »). Plus fondamentalement, je pris conscience que beaucoup de personnes me remerciaient d’avoir dit dans mon livre… des choses que je n’avais pas du tout dites! J’ai compris qu’un livre est d’abord un lieu où un lecteur ou une lectrice puise des images ou des idées pour conforter ses propres convictions préexistantes. Cela rend tout auteur très humble. Rares, en effet, sont ceux qui arrivent à écouter finement (et cela me concerne aussi trop souvent) ce que l’auteur (d’un livre, d’une conférence, d’une prédication…) cherche vraiment à communiquer. Alors que je ne considère nullement que toutes les religions se valent, de nombreuses personnes m’ont donné cet écho à mon livre. Certes, je suis convaincu que toutes les personnes de la Terre ont une même valeur intrinsèque et que dans toutes les traditions spirituelles et philosophiques de belles et vraies intuitions peuvent être trouvées. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les convictions aient la même valeur et qu’elles ont la même capacité à transmettre la liberté et la vie.

Vers une symphonie des Eglises et l’unité des chrétiens

En complémentarité à ma volonté profonde de dialoguer avec des personnes d’autres convictions religieuses (ou sans convictions religieuses, ou contre les convictions religieuses… en effet, il y a toujours eu des références importantes à des agnostiques et à des athées dans tous mes livres), il y a le désir profond de dialoguer avec des personnes d’autres confessions chrétiennes. L’interreligieux et l’intrareligieux se complètent. Je me méfie de ceux qui aiment dialoguer avec ceux qui sont en dehors de leur propre tradition, mais qui sont incapables de dialoguer avec ceux qui sont à l’intérieur de leur tradition!

Au début et à la fin de mon ministère ecclésial (marqué par le dialogue oecuménique et interreligieux), deux livres ont paru sur ces thèmes interconfessionnels qui me tiennent très à coeur. Devant des moines et des moniales du DIM (Dialogue interreligieux monastique, mouvement auquel j’ai été associé en Suisse avec bonheur pendant des années), j’ai eu l’occasion d’expliciter cette complémentarité de manière plus élaborée.

Voici le premier livre sur l’oecuménisme que j’ai rédigé.

De manière audacieuse, dans cet écrit Vers une symphonie des Eglises. Un appel à la communion (Saint Maurice, Editions Saint-Augustin / Le Mont-sur-Lausanne, Editions Ouverture, 1998) je proposais des pistes de réconciliation entre les grandes Eglises chrétiennes. Mon texte était accompagné des échos de deux réformés, de deux catholiques et de deux orthodoxes. C’est dans ce livre qu’a paru une Confession de foi qui met en lumière les convergences et divergences de la foi chrétienne avec les grandes spiritualités du monde. Ce court texte, traduit aussi en plusieurs langues, est peut-être le seul qui sera lu dans des assemblées après ma mort. Il synthétise plusieurs de mes convictions fondamentales.

A la fin de mon livre Le roi, le sage et le bouffon, j’ai décrit une vision du roi dans laquelle il voit la cathédrale de son Royaume se remplir d’une grande foule suite à l’étrange apparition d’une source jaillissante de vie! J’ai eu le bonheur de vivre à plusieurs reprises cette expérience d’une cathédrale pleine, celle de Lausanne, après que nous ayons pu y réunir des chrétiens de toutes les confessions pour des célébrations joyeuses et ferventes. Il est encore à venir le temps des cathédrales

Plus récemment, avec deux amis, l’un catholique (Claude Ducarroz) et l’autre orthodoxe (Noël Ruffieux), nous avons écrit un livre à trois voix Pour que plus rien ne nous sépare. Trois voix pour l’unité (Bière, Cabédita, 2017). Tous les grands thèmes de la foi chrétienne y ont été abordés de manière « symphonique ». Sur ces grands sujets (aussi tous ceux qui fâchent!), nous avons pu présenter des perspectives spécifiques à chaque confession chrétienne et des prises de parole communes, c’est-à-dire rédigées ensemble. C’est un livre précieux que nous léguons aux futurs étudiants en théologie et aux responsables d’Eglise actuels pour que la beauté et l’unité de l’Eglise grandissent…

Dieu?

Les éditions du Seuil, après mon premier roman, me demandèrent alors d’écrire un ouvrage consacré « au sujet le le plus difficile et controversé qui soit »: Dieu. Et cela pour les plus jeunes. Il faisait partie d’une collection de livres dans laquelle toutes sortes de thèmes (économie, politique etc.) étaient expliqués à « mon fils » ou « ma fille ». C’est un livre dans lequel j’ai pu explorer toutes sortes de discours, d’images et de paraboles pour évoquer ce mystère suprême de Dieu. Des années plus tard, j’ai appris qu’il avait stimulé des personnes à étudier la théologie et à devenir pasteurs.

Les défis de la mondialisation

Le livre suivant fut La princesse et le prophète. La mondialisation en roman (Paris, Seuil, 2004). Comme déjà dit, il est né d’un cours donné à l’EPFL. J’ai aimé aborder un sujet extrêmement complexe (dans laquelle tant de dimensions différentes sont articulées ou en conflit) et de proposer un éclairage et des pistes concrètes pour « une mondialisation avec du coeur et des fleurs ». Il y a peu de temps encore, j’ai reçu le commentaire d’une personne qui me disait que ce livre, 20 ans après sa parution, reste actuel. J’y aborde notamment la question suivante: « Comment se fait-il que malgré tout notre savoir faire des centaines de millions de personnes sont aujourd’hui sous-alimentées et que des dizaines de millions, chaque année, en meurent? » La trame narrative de ce livre me fut inspirée par la rencontre d’une mendiante en Inde, une rencontre qui m’a bousculé…

Philou et les facteurs du ciel

Le livre qui a suivi, Philou et les facteurs du ciel (Valence, Dynamots, 2005), est celui qui m’est le plus précieux. Il fut aussi le plus difficile à rédiger. Notre fils Simon, un garçon très lumineux, vivait ses derniers mois sur cette Terre. Comme moi, il était habité par toutes sortes de questions sur la vie, la mort et l’au-delà. Simon venait de voir un film à la télévision qu’il trouvait nul. Me basant sur cette réaction, je l’ai encouragé à inventer une histoire plus intéressante. A deux voix, entre deux chimiothérapies, nous avons imaginé ce petit livre qui aborde ses grandes questions et quelques réponses possible… Ce livre a été largement utilisé dans des écoles. Ou donné à des parents endeuillés. Simon est mort quelques jours après la fin de la rédaction de ce livre.

Juste après sa mort, je fus nommé professeur de théologie oecuménique et de théologie des religions à la faculté de théologie de l’Université de Genève. La plupart des questions qui y étaient abordées me semblaient soit futiles, soit en décalage avec les questions que je percevais comme prioritaires. Par contre, j’ai eu beaucoup de bonheur à pouvoir enseigner à l’Institut oecuménique de Bossey. Des étudiants de toute confession et de tout continent venaient y étudier, dans un esprit de prière (absent des Facultés de théologie universitaire) des sujets qui touchent à la vie, aux grands drames de l’existence et à la mort. Comment reconstruire l’Eglise après le génocide au Rwanda? Comment favoriser la paix entre chrétiens et musulmans au Nigéria? tels étaient certains des thèmes abordés.

Une théologie pour temps de crise

Mon immersion dans les Facultés de théologie, alors en pleine crise, m’a révélé que je n’étais pas fait pour ce monde. Après deux ans et demi, on me reprocha de n’avoir pas assez publié d’articles scientifiques. Selon eux, je n’étais pas un bon professeur et je n’étais pas à ma place. En quoi, mes collègues avaient raison. Pour leur montrer que je savais pourtant écrire des livres universitaires, j’ai rédigé Une théologie pour temps de crise (Genève, Labor et Fides, 2010). Il a paru peu de temps avant ma démission. Dans ce livre, je mets en lumière qu’une Faculté de théologie qui ne prend pas au sérieux une théologie chrétienne confessante et priante va à sa perte. Si Dieu est un Sujet qui a parlé et qui parle, l’écouter dans la prière, la réflexion et la recherche (biblique, historique, anthroplogique, scientifique…) cela aussi fait partie d’une méthodologie saine.

Peu après ma démission, je fus sollicité par Jean-Claude Badoux pour participer à la création d’un nouveau lieu de formation théologique en Suisse romande. J’ai été très actif dans la création de cette école, la HET-PRO à Saint Légier. En 2020, une vingtaine de nouveaux étudiants y ont commencé leurs études. Selon des professeurs de théologie de Lausanne, ils l’ont encore dit récemment lors d’un Synode ecclésial, le niveau théologique de la HET-PRO ne serait pas bon. Alors que seulement deux nouveaux étudiants ont commencé leurs études de théologie en présence à Lausanne (et zéro à Genève), peut-être pourraient-ils être un peu plus humbles. Ayant connu beaucoup de professeurs de théologie (je suis probablement le seul professeur ayant enseigné, en Suisse romande, dans tous ses lieux de formation théologique, qu’ils soient réformés, catholiques, orthodoxes, évangéliques, oecuméniques…), je peux attester que cela ne correspond pas à la réalité. D’excellents professeurs y enseignent et se donnent sans compter.

J’ai participé activement aussi à la naissance du mouvement du R3 (Rassemblement pour un renouveau réformé) et à la rédaction de son Manifeste. Dans ce petit mouvement (qui rassemble une cinquantaine de pasteurs et diacres réformés et une centaine de laïcs) nous continuons d’espérer que les Facultés de théologie (avec d’excellents professeurs comme Christophe Chalamet) et la HET-PRO seront complémentaires pour la formation de la relève ministérielle (pasteurs, diacres, animateurs de la vie d’église, docteurs, missionnaires, évangélistes…). Non! Les Eglises protestantes en Suisse romande ne vont pas manquer de futurs ministres si elles acceptent cette diversité et cette complémentarité des lieux de formation.

Désintégration? Résurrection? Réintégration?

Après mon départ de la Faculté de théologie, et cherchant encore à « intégrer l’amputation » qu’a représentée pour nous la mort d’un de nos fils, j’ai ressenti le besoin de revisiter les fondements de mes convictions et de celles élaborées partout dans le monde. J’ai réussi à classer l’ensemble des convictions de tous les temps en trois grandes familles. Selon les matérialistes, après la mort, c’est la désintégration. Selon les monothéistes, c’est la résurrection. Et selon les monoholistes, c’est la réincarnation précédant une grande absorption. « Monoholisme » est un néologisme que j’ai forgé afin de décrire les visions du monde (hindoues, bouddhistes, taoïstes…) qui mettent en leur Centre une Unité-Totalité, thème évoqué par Eliade.

De cette réflexion est né un nouveau roman, La reine, le moine et le glouton. La grande fissure des fondations (Paris, Seuil, 2014) dans lequel débattent trois personnes (un biologiste athée, une mathématicienne chrétienne et une professeur de yoga) sur les grands thèmes de la vie et de la mort. C’est mon livre le plus personnel (expériences intimes cachées dans celles des personnages) et le plus philosophique (débats parfois ardus mais qui reflètent les grandes questions de tous les temps).

Voici une vidéo faite à l’époque par notre fils Olivier (merci encore!) pour présenter ce livre.

Les courants conquérants dans l’islam

Mes nombreuses années à la Maison de l’Arzillier, maison de dialogue à Lausanne que j’avais fondée, m’avaient fait prendre conscience (avec d’autres membres du Comité, qu’ils soient juif, hindou ou chrétien) qu’un islam proche des Frères musulmans et des milieux salafistes s’étendait en Suisse, en Europe et de nombreuses régions du monde. Or ces courants, très proches des textes fondateurs de l’islam, reprenaient des thèmes classiques du droit islamique partagé par la grande majorité des écoles juridiques musulmanes. Pendant quatre ans, je me suis plongé dans l’étude des textes fondateurs de l’islam (Coran, hadîths, biographies officielles de Monde, droit musulman…), dans l’histoire de l’islam et les stratégies de conquête actuels explicités dans de nombreux courants contemporains. Ces documents ne sont pratiquement pas abordés dans les mondes politique et universitaire. Cette recherche, qui m’a alarmé, a donné naissance à L’islam conquérant (Romanel, IQRI, 2019).

Les questions critiques qui y sont formulées à l’égard de l’islam politique se trouvent déjà toutes dans Le roi, le sage et le bouffon. Elles y étaient exprimées par la bouche de l’athée (pp. 127s.). Dans ce dernier livre, L’islam conquérant, elles ont été formulées par moi… à la suite de milliers d’autres musulmans, juifs, hindous, ou athées contemporains. Et cela, certains bien-pensants « réformés » ou « progressistes » ne me l’ont pas pardonné… alors même que l’actualité ne cesse de donner raison à l’analyse qui y figure.

Et si Einstein et Dostoïevski avaient raison?

Dans quelques mois, en mars 2021, un nouveau livre paraîtra qui est une sorte de « testament » de ce qui me semble important pour aujourd’hui et les années à venir. Son titre provisoire est La couronne et les virus. Et si Einstein avait raison?

Réussir sa vie? Est-ce d’abord écrire des livres? Bien sûr que non! Le plus important pour moi, ce sont toutes les relations que j’ai pu vivre et continue de vivre. Ce sont toutes les découvertes et tous les échanges qui ont façonné mon existence. Et pour lesquelles je suis reconnaissant.

Parmi toutes ces découvertes, il y a le trésor du Christ. Comme l’a écrit un des auteurs qui m’a le plus marqué et dont on fêtera en 2021 le 200ème anniversaire de sa naissance, F. Dostoïevski:

« Il n’y rien de plus beau que le Christ ».

Ma prière est que la Suisse et l’Occident cessent de l’oublier. Ainsi seulement, nous réussirons nos vies.

4 commentaires sur “Réussir sa vie?

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  1. Cher Shafique,

    Je viens de lire l’article que tu viens de mettre en ligne sur « Réussir sa vie? ». J’aimerais prendre le temps de t’en remercier ici.

    D’abord, parce que ta démarche me permet de mieux sentir la cohérence de ton cheminement personnel et intellectuel, c’est-à-dire, l’articulation de tous les thématiques sur lesquelles tu t’es penché. De par la finesse détaillée de tes analyses, cela m’était parfois difficile, n’ayant pas un esprit de synthèse suffisamment développé sur ces grandes questions.

    Ensuite, parce que je suis touchée de voir un homme qui prend du recul sur sa vie et qui permet aux autres de le voir, aussi dans ses moments de vulnérabilité. Démarche publique, courageuse, qui t’expose autant à l’admiration qu’au mépris de la part de certains, à l’empathie qu’à un possible enfermement dans des explications stériles.

    Enfin, je vois dans tes lignes un homme qui s’est mis debout, qui ne se juge pas mais qui reste honnête avec lui-même et ouvert aux autres; un homme résiliant qui s’est ouvert à la vie avec ses souffrances et sa beauté; un homme encore, qui continue à grandir à la stature de Christ, qui s’est fortifié dans sa marche et qui aujourd’hui, ose clairement se positionner face à ceux qui le méprisent ou face à certaines institutions académiques ou ecclésiales menées par des gens aux oreilles, aux yeux et aux cœurs fermés.

    Alors oui, Shafique, merci pour ce texte, merci pour ta lucidité. Et merci pour le chemin qui s’ouvre encore devant toi avec la parution de ton nouveau livre. Le Seigneur que tu aimes et que tu sers continuera à se révéler à toi au fur et à mesure de ta marche puisqu’il connaît ton désir: « Christ et Christ seul », autant dans ta vie que dans celle de nos sociétés contemporaines qui rejettent de plus en plus le Très-Haut qui s’est fait le Très-Bas.

    Avec toute mon amitié et encore tous mes vœux pour une année 2021 vraiment belle et bonne!

    Anne-Marie (Fatzer)

    Envoyé de mon iPad

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  2. Merci Shafique pour la richesse de tes réflexions, de tes écrits…. Tu suis le fil qui t’étais donné pour faire connaître Dieu, le Christ d’une manière qui parle aux hommes et femmes d’aujourd’hui – tu es aussi un alerteur – un « prophète » dans l’actualité que nous vivons . Je me réjouis de connaître ton nouveau livre …. pour demain et ton intervention, je demanderai que l’Esprit te guide, te donne les paroles inspirées pour être entendu par ceux qui te demandent à intervenir. Oui, tu as connu multiples souffrances – elles portent ses fruits aujourd’hui , car transformées … merci pour ton témoignage, ta manière de vivre.

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