Le Nouvelliste : « On ne doit pas s'excuser d'être chrétien »

Peut-on imaginer que dans une faculté de théologie, la foi intime des professeurs ne doive pas se manifester, car elle pourrait apparaître comme une sorte de provocation, une incongruité? Absurde! direz-vous. Et pourtant: c’est bien ce qui se passe à la faculté de théologie de Genève, dont le pasteur Shafique Keshavjee vient de claquer la porte.

«Shafique», comme chacun l’appelle, est un personnage hors du commun, et très populaire bien au-delà du Pays de Vaud. Théologien brillant, excellent vulgarisateur – ses livres sont traduits dans plus de vingt langues -, il est aussi un homme de terrain, et donc sensible aux aléas de l’existence des paroissiens, dont il a eu sa part cruelle (la mort d’un enfant).

Mais si sa voix est très douce, son discours est à l’image de ses convictions, ferme et assuré. Pour lui, il est des principes sur lesquels un chrétien ne doit pas transiger, fût-ce par égard pour l’autre. Or le drame des protestants – c’en est un – est qu’ils croient devoir toujours s’effacer devant l’autre, comme si l’affirmation, même discrète, de sa foi, allait être reçue comme une insulte, ou une négation de la personne qui se trouve face à lui. Bien entendu, toute idée de prosélytisme est perçue comme particulièrement grossière.

C’est précisément ce que dénonce le pasteur Keshavjee, puisque même au niveau d’une faculté de théologie protestante, la visibilité de la foi du professeur devient une difficulté. Cela procède, selon lui, d’une véritable perte d’identité chrétienne de la théologie, au profit d’un enseignement neutre de savoirs «désengagés». C’est cette perte délibérée d’identité qui a transformé l’histoire biblique des écoles en un cours de culture générale politiquement correct, et les facultés de théologie protestante en facultés d’histoire et de philosophie, qui négligent la formation d’hommes de terrain. Un bon exemple de cette volonté d’effacement est donné par le fait que l’Université de Genève a renoncé à demander que le futur professeur chargé d’enseigner la tradition protestante soit… de tradition réformée!

Les chrétiens, dans quelques années, seront minoritaires en Europe. Demain, ils devront lutter pour survivre, et ce sombre pronostic vaut pour les catholiques comme pour les réformés. Écoutons donc Shafique: «On ne peut pas renier quelque chose de fondamental, et pour un chrétien, ce sont ses convictions chrétiennes.»

Phillipe Barraud — 27 avril 2010

Source : http://www.lenouvelliste.ch/fr/news…

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