Crise du lait et de l’agriculture. Dans une lettre ouverte au Président de la Confédération, le doigt est mis sur cette révoltante agonie…
En ce jour de Vendredi Saint, les chrétiens se souviennent de l’agonie et de la mort du Christ. Orces derniers jours, deux excellentes émissions de télévision (« La bataille du lait », Arte, mardi 7 avril ; « Qui paye les prix cassés ? », Temps présent, TSR1, jeudi 9 avril) ont rappelé avec forcel’agonie et la « mort » de nombreux paysans de Suisse, d’Europe et du Monde. Depuis des années,Uniterre et Via Campesina notamment, n’ont cessé de nous alerter sur cette lente et inacceptableagonie.
Alors que les bénéfices des grands distributeurs (comme Migros et Coop) et des multinationales del’alimentation (comme Nestlé) ne cessent d’augmenter et atteignent des sommets se chiffrant enmilliards de francs, le niveau de vie de nombreux paysans de Suisse et du Monde ne cesse de sedégrader. Faut-il le rappeler ? Trois quarts des 800 millions de personnes ayant faim aujourd’huisont des agriculteurs (principalement du Sud). Et de plus en plus d’agriculteurs du Nord vivent dansune grande nécessité.
Tout cela est inacceptable. D’autant plus que ce n’est pas une fatalité.Certes, le système économique et agricole –national, régional et mondial- est d’une très grandecomplexité et les rapports de force ne jouent pas en faveur des petits producteurs. Mais commel’affirme si bien la Constitution fédérale commençant par « Au nom de Dieu Tout-Puissant ! » : « laforce de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » (Préambule). Etaujourd’hui, parmi les plus faibles se trouvent nos agriculteurs.
Nous demandons dès lors que soit constitué un groupe de travail (romand, dans un premier temps ?)rassemblant des représentants de tous les acteurs sociaux concernés : le monde de la paysannerie,les grands distributeurs, des entreprises agroalimentaires, la Fédération romande desConsommateurs, le monde des Eglises et des Oeuvres d’entraide, des chercheurs du mondeuniversitaire, des journalistes concernés et des représentants du monde politique.
Selon la foi chrétienne, l’agonie de Vendredi Saint est suivie par la joie de Pâques. Dans la plusgrande des impasses, un Passage est possible. Nous croyons que l’agonie de nos agriculteurs a assezduré et qu’un passage dans l’impasse est possible.
Avec nos salutations distinguées,
Professeur Shafique Keshavjee(Faculté autonome de théologie protestante)(Université de Genève)
Pasteur François Rosselet(Eglise évangélique réformée du canton de Vaud)(Saint-Saphorin, VD)
Télécharger le PDF : L’agonie des paysans a assez duré! Lettre ouverte 10 avril 2009
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